L'opposition d'un pharmacien clinicien au règlement malavisé du ministre de la santé sur les sachets de nicotine

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Je m’appelle Todd Prochnau. Je suis pharmacien clinicien et éducateur certifié en tabacologie (CTE) et j’ai 14 ans d’expérience dans la gestion d’une clinique de désaccoutumance au tabac dirigée par un pharmacien. J’aimerais vous faire part de mon point de vue et de mes préoccupations concernant l’annonce récente du ministre de la santé, Mark Holland, au sujet des sachets de nicotine. Je pense qu’il est impératif d’examiner les preuves scientifiques disponibles lorsque l’on étudie la manière dont les sachets de nicotine devraient être réglementés au Canada. J’aimerais souligner quelques points essentiels.

  1. Fumer des cigarettes (tabac combustible) reste la façon la plus nocive de consommer de la nicotine. La nicotine crée une dépendance mais ne provoque pas de cancer, de maladie cardiovasculaire ou de maladie respiratoire. Les sachets de nicotine actuellement autorisés au Canada (c’est-à-dire Zonnic) ont un profil de risque comparable aux formes conventionnelles de thérapie de remplacement de la nicotine (TRN) telles que la gomme ou la pastille. On estime que les sachets de nicotine présentent un risque de 0,1 % par rapport à la cigarette [1]. Réglementer davantage les sachets de nicotine est contre-intuitif et constituera un obstacle important à la lutte contre la charge de morbidité liée au tabagisme.

  2. Restreindre les sachets de nicotine à la vente derrière le comptoir de la pharmacie n’est pas la meilleure solution pour atténuer le risque d’accès involontaire des jeunes aux produits NRT. Les pharmaciens ne sont pas tenus de déterminer l’âge des patients pour les produits BTPC. Les pharmaciens procèdent à une évaluation clinique de chaque patient avant de lui vendre un produit BTPC. Les pharmaciens ont la responsabilité professionnelle et éthique d’agir dans le meilleur intérêt de leur patient (quel que soit son âge), ce qui peut inclure la vente d’un sachet de nicotine à un mineur comme alternative au tabagisme ou au vapotage (réduction des risques). Le seul moyen de restreindre la vente de sachets de nicotine aux mineurs est d’instaurer une barrière d’âge dans les magasins de détail, comme cela a été fait pour les ventes d’alcool, de cannabis et de tabac.

  3. Les patients adultes préfèrent une variété d’arômes dans les produits à base de nicotine et les recherches montrent que sans ces options, les fumeurs sont plus susceptibles de recommencer à fumer des cigarettes [2] [3]. Comme indiqué précédemment, les sachets de nicotine représentent 0,1 % du risque de fumer une cigarette [1]. L’intention de limiter les sachets de nicotine à la menthe pourrait inciter les patients adultes à recommencer à fumer des cigarettes.

  4. L’arrêté ministériel limitant la vente de Zonnic (sachet de 4 mg de nicotine) derrière le comptoir de la pharmacie ne tient pas compte de la grande disponibilité des sachets de nicotine illicites (« marché noir ») que l’on peut facilement se procurer en ligne ou dans certains établissements de vente au détail. Ces sachets de nicotine illicites ne sont pas soumis à des restrictions d’arômes, contiennent souvent plus de 4 mg de nicotine et ne sont pas soumis à des restrictions d’âge puisqu’ils sont vendus de manière illicite. Il est probable que le passage de Zonnic à BTPC augmentera la disponibilité des sachets de nicotine illicites qui n’ont pas été contrôlés par Santé Canada. La réglementation australienne en matière de vapotage est beaucoup plus restrictive que celle du Canada, où les vapes à la nicotine (e-cigarettes) ne peuvent être achetées légalement que sur ordonnance. On estime que 90 % des vapes australiennes sont aujourd’hui vendues sur le marché noir [4]. L’Australie connaît également une tendance à la hausse significative du vapotage chez les jeunes par rapport à des pays comme le Canada, l’Angleterre et la Nouvelle-Zélande, en raison de sa politique restrictive [4]. Cela montre que la restriction de l’accès aux sachets de nicotine poussera probablement les gens à se procurer des sachets de nicotine illicites sans limite d’âge ni taux de nicotine maximal.

  5. Toute modification de la réglementation concernant les produits NRT devrait avoir un impact identique sur tous les produits, à moins que des preuves solides ne justifient un traitement différent pour des formats spécifiques. Tous les TSN (y compris les sachets de nicotine) sont classés cliniquement et catégorisés de la même manière par l’Association nationale des organismes de réglementation de la pharmacie (ANORP). Les fumeurs doivent continuer à avoir un large accès à tous les produits de TRN. Il est important de noter qu’à l’heure actuelle, les gommes et les pastilles de NRT sont disponibles par auto-sélection sans l’intervention d’un pharmacien. Les jeunes peuvent facilement acheter des gommes ou des pastilles de TRN, et cet arrêté ministériel ne règle pas ce problème de longue date.

Todd Prochnau BSc.Pharm, R.Ph, APA, CTE

Sources

  1. Murkett R, Rugh M & Ding B. Nicotine products relative risk assessment : an updated systematic review and meta-analysis [version 2]. F1000Research, 2022. 9:1225.
  2. Action on Smoking and Health. Use of vapes (e-cigarettes) among adults in Great Britain, in ASH Fact Sheet. 2024 ; ROYAUME-UNI.
  3. Friedman A, Liber AC, Crippen A & Pesko M. E-Cigarette Flavor Restrictions’ Effect on Tobacco Product Sales. SSRN, 2023.
  4. Quit Like Sweden. SmokeFree New Zealand. Quitting Strong : New Zealand’s Smoking Cessation Success Story. 2024.

Traduit avec DeepL.com (version gratuite)